CHÂTEAU DE JAVARZAY
Le
château de Javarzay a été construit de 1513 à
1515 par François de Rochechouart. Mais seuls restent de cette
époque : le donjon d'entrée, la tour crénelée,
le bâtiment qui les réunit et la chapelle.
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La gloire locale qu'il en a tirée vient surtout de la formule lapidaire de Piard dans son livre sur Javarzay : "Ici Rochechouart bâtissait, Poirier démolissait". Depuis lors, la gloire a été pour l'un et la honte pour l'autre, comme si François de Rochechouart n'avait pas été lui aussi un démolisseur. Depuis longtemps il y avait des châtelains à Javarzay et les Rochechouart y étaient depuis 1448. Mais où était leur château? Dans un document de 1473, à propos d'une contestation sur l'utilisation de l'eau de la Boutonne, les seigneurs d'alors disent que l'eau qu' ils prennent semble-t-il vers le Pont Sicard, alimente d'abord les douves qui entourent leur "maison", passe ensuite dans leur étang et font enfin tourner un moulin qui, pour cette raison, on appelait le moulin de l'étang. Une telle disposition suppose que pour avoir une déclivité continue le courant devait passer près du bord nord-ouest de la prairie, peut-être là où l'on voit une trainée d'herbe d'aspect différent quand on est en haut des tours. Une bonne place pour le château, mais on disait plus modestement "la Cour de Javarzay", aurait été celle du château actuel. Le manque d'unité dans ce qui existe et les anomalies de la chapelle (ses proportions, la présence d'une canonnière et d'une cheminée dans le mur sud) témoignent peut-être d'une réutilisation du bâtiment qui était déjà là lors des constructions de 1513. Après l'achat du château par la commune, des papiers ont été trouvés dans des placards. Certains concernent un partage effectué en 1873 par Piard, propriétaire de Pouvareau ; on y voit que les terres de "Château Gaillard" et du moulin à vent faisaient partie du domaine de Pouvareau et qu'elles avaient été vendues le 26 août 1887 par Malesherbes seigneur de Javarzay. Malheureusement cet acte de vente n'existe plus dans les minutes notariales de Chef-Boutonne, sinon, au hasard des confrontations de parcelles, on aurait pu y glaner des renseignements utiles, par exemple : la raison d'une "Foire aux boeufs" sur cette hauteur et celle d'un champ triangulaire. Néanmoins, on peut affirmer que la pièce de terre où était la Grande Vigne du château avec, paraît-il, des celliers (pourtant éloignés de la maison) où on a de vagues souvenirs de murailles et où j'ai vu autrefois un effondrement étrange, que le "Château Gaillard" a résonance féodales, que les moulins (à vent et à eau) de Pouvareau, que tout cela faisait partie du domaine propre du seigneur de Javarzay, un domaine étiré puisque de "Château Gaillard" il allait peut-être jusqu'à la Garenne Guidiers (pour la provision de lapins). Il faut souhaiter qu'un jour le hasard d'une tranchée ou d'un autre terrassement provoque des découvertes ou encore des recherches sur ce que fut "La Cour de Javarzay" dont l'état premier était sans doute différent du palais mérovingien qu'on a tendance à retenir des légendes de St Junien et qu'il serait imprudent de prendre à la lettre parce qu'elles ont été écrites deux siècles et demi après les événements qu'elles racontent et parce que l'auteur Wulfen, évêque de son état, se devait de faire un récit édifiant et merveilleux. Nos incertitudes sur l'avant-château ne sont pas compensées par une meilleure connaissance de l'après-château. Le dessin de Chastillon (affiché par Mr Ducoin dans l'office de tourisme), réalisé vers 1600, doit représenter à peu près l'édifice tel qu'il était aussitôt construit, même s'il y a quelques modifications de perspective du fait que Chastillon cherchait à ce que ses croquis contiennent tous les éléments du sujet. Les propriétaires successifs sont bien connus, mais nous ignorons ce qu'ils y ont fait. Les textes que l'on a datant de 1630, 1688, 1750, 1800, 1843, 1912, précisent certaines choses, par exemple : la Grande Vigne n'existait plus en 1688, le colombier paraît encore sur le plan cadastral de 1843 et, à la même époque, le dessin de Baugier montre un pilier de l'allée d'entrée ; si on en juge par l'appareillage de ses pierres, il devait être contemporain de la ruine que nous avions encore récemment le long de la rue et qui datait du château puisque ses pignons étaient ornés des mêmes figures (encore visible sur celui qui reste). Mai pour l'essentiel nous ne savons rien. Du château de 1514 voici ce qui reste : les deux tours, le bâtiment qui les réunit et la chapelle. Qui a fait démolir toute l'aile gauche? qui a fait construire l'aile droite actuelle ? Où étaient les restes de l'enceinte démolie par Poirier entre 1820 et 1824 ? et les sculptures disparues ? Comment était la filature incendiée en 1853 ? et ce personnage localement plus important que le seigneur, le fermier de la seigneurie, comment était-il installé? Faire l'histoire du château de Javarzay ce serait faire l'histoire de ses démolitions. Espérons donc qu'en dépouillant beaucoup de papiers on trouvera, çà et là des renseignements qui permettront de combler les vides de l'histoire du château, tout comme nous espérons qu'en archéologie le hasard mettra sur la voie des recherches et fera naître des vocations. Raymond Proust |